k r a s s n a i a
Il existe un seul être au monde capable d'annihiler la race des vampires. Le Chasseur. Son sang est si pur qu'une seule goutte suffit à détruire le plus puissant des Buveurs de Sang. Ce sang qui se transmet de génération en génération n'a pourtant jamais atteint son but : tuer le Premier des Vampires, le plus puissant d'entre eux, l'Originel. Sa mort signifierait la fin des vampires...
Lucian faisait les cartons d'invitaion pour son anniversaire, la semaine suivante, dans le bureau qui lui était réservé sur son ordinateur portable. Il avait décidé de faire une véritable orgie pour ses 18 ans dans la salle des fêtes de la petite ville où il vivait avec sa famille. Son père lui avait proposé de le fêter une semaine à l'avance et impatient, il avait accepté avec joie. Toutes les personnes qu'il connaissait seraient présentes et même un carton d'invitation en plus était donné à chaque personne pour inviter quelqu'un de leur choix. Comme à chaque fois qu'il faisait quelque chose de sérieux ou important, son frère, Julian de 3 ans son cadet vint le déranger pour des histoires de filles.
- Lucian, j'ai besoin d'un conseil du tombeur que tu es.
A fond dans ses invits, Lucian l'écoutait d'une oreille distraite.
- Voilà, y'a une meuf que j'aime beaucoup qui veut sortir avec moi mais moi je suis amoureux de sa meilleure amie. D'un côté, j'ai pas envie de faire souffrir cette fille et gâcher leur amitié et d'un autre côté, j'ai...
Lucian laissa son jeune frère babiller tout seul quelques instants.
- Alors, t'en penses quoi?
- Perso, j'aurais accepté pour rendre jalouse l'autre ce qui aurait évidemment fonctionné et après je l'aurais plaqué pour me taper celle qui me plaît...
- Ouah, comment t'es trop un monstre... répondit Julian en le regardant, écoeuré.
Le plus jeune sortit. Comme d'habitude, Lucian donnait un conseil, Julian ne le suivait pas et il se ramassait. Lucian se pensa enfin tranquille lorsque les jumeaux entrèrent en hurlant dans la pièce ce qui fit soupirer le jeune homme bruyamment. Blonds comme les blés, des yeux bleu-lagon, la peau sombre, des traits similaires... Ils étaient de parfaites répliques... de Lucian. Sauf que lui mesurait 1m87 et non 48 et pesait son 80 kg de muscles noueux et secs et non 35 kg de rien de tout. Florian, l'aîné des deux furies, parla en premier :
- Dis, dis... Tu fais quoi, tu fais quoi?
- Ca se voit pas, je cueille des pâquerettes...
- Pourquoi? demandèrent les jumeaux dans leur ensemble, Damian se joignant ainsi à la conversation.
- Pour faire parler les curieux...
- Pourquoi? continuèrent les deux morveux.
La patience ne comptait pas dans les qualités de Lucian qui se leva violemment de sa chaise et toisa les deux blonds de toute sa hauteur. Il haussa un sourcil menaçant et les deux enfants de 10 ans reculèrent prudemment.
- Ok, ok... T'énerve pas...
Et ils fuirent lâchement. Quant à Lucian, il se rassit. Il recommençait à écrire et mettre en page ces foutus invitaions lorsqu'on frappa à sa porte. Il laissa tomber sa tête sur le clavier provoquant ainsi une série de lettres au milieu de ses invits. Il jura et partit ouvrir. Il tomba ventre à nez avec son plus jeune frère et pus adorable (et de loin!). Victorian, portrait craché de leur mère, le regardait avec de grands yeux tristes, son nounours en peluche à la main et suçant son pouce. Le jeune bambin tendit ses bras vers son grand frère qui ne put résister et le prit dans ses bras. Il continua donc à travailler, Victorian sur les genoux, tous deux silencieux.
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Une fois terminé, Lucian imprima les invitations, les tassa, prit Victorian au cou, rangea les invits et descendit à la cuisine avec son petit frère. Arrivés à destination, ils virent leur mère s'affairer : ils recevaient un riche client de leur père le soir-même. Leurs parents étaient on-ne-peut-plus dissemblables : Marianne était aussi brune que Georges était blond, elle avait les yeux aussi bleu-lagon que lui les avait vert-feuille, la peau pâle tandis que l'homme l'avait bronzée en permanence naturellement, elle plutôt grande pour une femme : 1m70 et lui plutôt petit pour un homme : 1m70 aussi. Elle, 38 ans et lui, 41, ils étaient restés magnifiques. Victorian était le portrait craché de sa mère, Julian celui de son père et les jumeaux et Lucian étaient pourvus de différents traits de leurs parents. Lucian déposa son petit frère sur le comptoir et proposa de l'aide à sa mère qui accepta, visiblement soulagée. Le jeune homme se mit à rire et cessa tout aussitôt en voyant ce qu'avait préparé sa mère. Un plat de crudités joliment présenté, des melons agrémentés de tranches de jambon de pays piquées d'un cure-dent et chiffonées, une salade avec des magrets de canard, un plateau de fromage richement garni et des coupes de mousse au chocolat faites maison.
- Euh... je vois pas bien en quoi je peux t'aider, dit-il en avisant sa mère préparer l'apéritif.
- Va mettre la table mon bébé stp!
Il obéit en emmenant au passage Victorian qu'il déposa dans le canapé et lui alluma la télévision. Ensuite il sortit une nappe blanche, des dessous de repas bordeaux, des verres en cristal pour les adultes, l'argenterie offerte pour le mariage de ses parents, des bougies blanches et bordeaux et des serviettes bordeaux. Il installa le tout et rejoignit sa mère, fier du résultat. Il la vit faire la vaisselle et commança à essuyer ce qu'elle lavait. Sa mère le regarda surprise et fière à la fois :
- Je me demande comment je ferai quand tu seras à l'université...
- Arrête M'man, tu te fais du mal pour rien. Laisse-moi finir, P'pa arrive dans une heure : va te préparer.
- Merci bébé!
Malgré son staut d'aîné, elle continuait à l'appeler "Bébé" mais il ne disait rien : sa mère semblait inquiète en ce moment.
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Une fois la vaiselle propre, séchée et rangée, Lucian alla dans le salon chercher son frère et monta pour l'habiller. Il lui enfila un jean et un tee-shirt noir puis le laissa jouer dans sa chambre. Ensuite, il alla dans la chambre des jumeaux pour leur réserver le même sort mais de toute évidence, Julian l'avait devancé car en arrivant, l'aîné de leur fatrie vit les deux blonds se débattre face à l'insistance de l'adolescent pour qu'ils enfilent leur vêtements. Lucian décida de lui donner un coup de main et ils réussirent à leur mettre un pantalon kaki et une chemise noire. Enfin, les deux plus vieux allèrent chacun dans leur chambre pour se préparer. Leur chambre se trouvaient l'une en face de l'autre et ils en sortirent en même temps. Ils explosèrent de rire, ils avaient tous les deux ressortis leurs fringues du réveillon de Noël qu'ils avaient achetées ensemble pour rigoler. C'étaient exactement les mêmes mais avec des couleurs opposées. Pour Lucian, converses blanches, pantalon noir, chemise blanche entrouverte avec une cravate noire autour de son cou nu et un chapeau noir et pour Julian, des converses noires, un pantalon blanc, une chemise noire fermée jusqu'en haut avec une cravate blanche et un chapeau blanc. Ils partirent, Lucian chercher les jumeaux et Julian chercher Victorian et descendirent dans le salon. Leur mère s'y trouvait déjà regardant les informations. Encore des meurtres. Cependant, les graçons ne s'intéressaient pas à la télévision mais à leur mère qui était sublime. Elle avait lâché ses longs cheveux bouclés sauf d'un côté qui était retenu par une pince sertie d'une rose bleue, elle portait une robe légère noire légérement décolletée et fendue jusqu'à la cuisse décorée d'une cienture de lin du même bleu que sa rose et des sandales noires recouvertes de perles bleues. Admiratif, Julian siffla :
- P'tain comment t'es trop belle M'man!
Ladite "M'man" sursauta et remarqua que ses cinq fils l'observaient.
- Vous aussi mes chéris, répondit-elle en les regardant avec amour. Cependant, lorsque son regard se posa sur Lucian, il se fit triste et inquièt. Que se passait-il? Ne voulait-elle vraiment pas qu'il aille à l'unversité? A ce point? Elle n'avait pourtant jamais été si possessive. Soudain, ils entendirent la porte d'entrée s'ouvrir et leur père dire :
- Je vous en prie, entrez.... Ma famille doit nous attendre...
- Lucian, je t'ai légué un lourd fardeau en te donnant naissance... Pardonne-moi... Repose-toi mon chéri, je t'expliquerai tout demain...
Epuisé, Lucian ne répondit rien et dit à sa mère de rejoindre tout le monde au salon : il tiendrait le coup pour la soirée. Sa mère hocha la tête et sortit de la pièce. Quant à Lucian, il se resservit un grand verre d'eau. Soudain, il sentit une main excessivement glaciale se poser sur son front brûlant. Le contraste le fit frissoner. Liam apparut dans son champ de vision, sa sempiternelle lueur moqueuse dans les yeux.
- Tu es brûlant de fièvre...
- Laissez-moi tranquille! répondit Lucian en repoussant sa main.
La présence de Liam avait sensiblement augmenté la température de son corps mais l'avait glacé tout autant. Le jeune blond se sentait vraiment mal et ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Jamais une fièvre ne l'avait mit dans un tel état. Il songea à se coucher mais il ne se sentait pas de sentir les draps collés à sa peau tellement il avait chaud. Tout à coup, il décida de sortir dehors pour se rafraîchir. Liam le suivit, silencieux : il avait du temps, il avait prétexté une envie pressante aux parents du jeune garçon. Remarquant sa présence, Lucian offrit un regard furieux à Liam.
- Vous n'allez pas me laisser tranquille!?!
- Je peux te rafraîchir tu sais?
Il ne laissa pas le temps à Lucian de répondre et le prit dans ses bras. Un froid intense enveloppa Lucian mais étrangement, il la préféra à la chaleur suffocante qu'il venait d'éprouver. Aussi, il se serra contre le corps glacial près de lui. Liam eût un petit sourire satisfait qui se dissipa lorsqu'il sentit une chaleur agréable l'envahir. Il s'écarta brusquement de Lucian qui tomba au sol brutalement, la fièvre le reprenant aussitôt qu'il eût quitté la fraîcheur de Liam. Celui-ci jura et aida Lucian à se relever en s'excusant. Lucian grogna, le repoussa et entra à l'intérieur. Liam soupira bruyamment et rejoignit les parents du jeune homme ainsi que ses frères. Au moment de s'asseoir, il vit le beau blond, tremblant, titubant et respirant bruyamment monter les escaliers lentement pour rejoindre l'étage supérieur. Toute la famille le suivait progressivement du regard. Soudain, Julian se leva et courut aider son frère en jetant un regard noir à ses parents qui n'avaient pas bougé. Il tourna ensuite sa tête vers Liam, s'excusa auprès de lui et prit son frère aîné sur son dos pour le mener à sa chambre. Liam décida qu'il était temps de partir.
- Je suis désolé mais je pense que je vais vous fausser compagnie : je me sens de trop pour aujourd'hui, fit-il avec un grand sourire rassurant totalement factice mais très réaliste. Au revoir et, Madame, pardonnez-moi de ne pas honorer votre repas...
Il se leva et conciliant, Georges lui serra la main, visiblement inquiet. Quant à Marianne, elle semblait résignée : Liam en conclut qu'elle était la porteuse du gène. Il lui
sourit et récupéra sa veste et sa canne à l'entrée. Il sortit.
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Jetant un dernier regard en arrière, il contourna la maison pour voir la fenêtre de Lucian. Une fois en dessous, de la fenêtre, il plia les genoux et se propulsa en l'air. Il s'accrocha à l'un
des volets avec sa canne, la plante des pieds appuyée sur le mur. Il regarda Lucian endormi sur son lit, gémissant au travers de la fenêtre. Il sourit et deux canines proéminentes jaillirent de
sous sa lèvre supérieure.
- Bientôt, petit Chasseur, bientôt...
Il sauta pour attérir souplement dans le jardin des Fouquet. Puis il disparut dans les ombres de la nuit...
Décidement, on avait décidé de me pourrir la journée, mes parents étaient assis dans le salon semblant m'attendre.Je m'assis
dans un fauteuil de cuir séparé du canapé où ils étaient.
- Qu'est-ce-qu'il se passe?? demandai-je
- Ta tante a fait quelque chose d'horrible, compréhensible certes mais terrible pour la réputation de la famille. Elle a renié son fils, ton cousin.
- Et c'est censé me faire quoi à moi?
- Rien, tu es arrivé quand nous en parlions c'est tout!
Ouf ce n'était donc pas pour m'engueuler qu'ils étaient réunis. Comme d'habitude, mon père (la quarantaine, chauve, bedonnant mais avec un soupçon de charme de sa jeunesse) ne parlait pas. Pas
directement.
Seule ma mère avait droit à son avis, sa voix mais surtout ses ordres. Me concernant la plupart du temps. J'avais une famille trop
étrange. Mon père donnait les ordres, ma mère transmettait et je subissais. De toute évidence, la "faute" de ma tante embêtait mon père. Ma mère se fichait de sa réputation. Honnêtement, je crois
qu'elle se fichait de tout SAUF de l'avis de mon père.
Enfin bref, depuis que ma mère avait parlé, le silence s'était installé dans la pièce, devenant gênant. Soudain, je me figeai d'horreur tandis que
mon père parlait de sa voix profonde et glaciale :
- J'ai eu une petite discussion avec un certain Corentin, Eden....
Lentement la peur s'insinua en moi comme un poison. Corentin était mon ex-petit-ami. Du coin de l'oeil, je vis ma mère changer de position sur le canapé, visiblement mal à l'aise. Ils savaient.
D'une voix fluette,je feignis l'indifférence mais je ne fus pas très crédible.
- Ah? Et de quoi avez-vous parlé??
- De votre relation....
- De...no... notre...
Je ne pus finir mes mots, ils restèrent coincés dans ma gorge. Je me sentais mal.
- Eden, depuis quand est-tu homosexuel?
Je m'arrêtai de respirer et fermai les yeux : ça y'est, c'était dit. Quelle journée horrible!
- Eden, je te préviens, si je te vois avec un homme, j'use de mes contacts pour te mettre en maison de correction et à ta sortie, je te fais marier à une fille d'avocats!
Pâle comme la mort, je hochai doucement la tête, sans le regarder droit dans les yeux de peur de mourir foudroyé.
- Bien... Tout s'arrange... fit le père d'Eden d'une voix horriblement mielleuse. Va te coucher! ajouta-t-il d'un ton autoritaire.
Je m'éxécutai le plus rapidement possible, la tête entre les épaules et montai les escaliers comme un mort-vivant, plus mort que vivant. Une fois
dans ma chambre, je me laissai glisser contre ma porte et me mis à pleurer doucement...